Introduction

Quand nous saurons que, durant son enfance, Planas de Font rejetait les jeux propres à son age pour se réfugier dans la solitude, communier avec le silence, les sables, les montagnes du Haut-Atlas où elle vivait alors, qu'elle se laissait imprégner par les couleurs violentes et mouvantes de cette terre marocaine à la beauté sauvage, nous tiendrons peut-être là une des clefs qui ouvre sur le mystère de sa peinture. Peinture à laquelle j'ai tout de suite été sensible. Oui, une interpellation immédiate.

Comme toute oeuvre créatrice, elle échappe à la simple analyse ; sa part d'ombre, de mystère précisément, demeure la plus forte. Peinture qui ne cherche pas à séduire, elle obéit à une nécessité intérieure qui pourtant séduit ! C'est que ces toiles parfois austères, d'une facture virile, délivrent une "charge émotionnelle" et, aussi, par le jeu de couleurs telluriques et de leurs mariages, une sourde et troublante sensualité. Si, comme l'a écrit Rilke, "il y a quelque part une vieille inimitié entre la vie et la création", Planas de Font qui se veut ouverte au monde comme à la solitude, a trouvé dans sa peinture un équilibre qui concilie les tourments de la nuit avec les promesses de l'aurore.

René de Obaldia